[Insolite] L’irréductible brasserie bretonne Leff refuse de changer de nom !
par Aliénor GUIBERT

Une petite brasserie bretonne sommée de changer de nom à cause d’un géant de la bière ? C’est la situation rocambolesque que vit Philippe Le Saux, brasseur passionné, face au grand groupe AB inBev, propriétaire de la marque de bière mondialement connue, Leffe. Tous les détails dans cet article !
Leffe contre Leff : des “similitudes” repérées par le leader de la bière
Quasi même nom…
Tout est parti d’une demande écrite du leader mondial de la bière, AB InBev, au tenancier d’une petite brasserie bretonne située dans les Côtes d’Armor, à Lanleff, la Leff.
Philippe Le Saux, fondateur et propriétaire de cette brasserie artisanale, qui tient son nom d’une rivière bretonne, a reçu une demande écrite de la part d’AB InBev, propriétaire de la marque protégée Leffe, le sommant de changer le nom de sa bière.
Motif ? Le nom “Leff” ressemble trop à celui de leur marque “Leffe”, ce qui pourrait apparemment créer de la confusion chez les consommateurs…
…Même lettrage
Mais AB InBev ne s’est pas arrêté là ! Le géant de la bière a également souligné les similitudes visuelles dans la mise en page avec leur marque Leffe, la brasserie artisanale de Mr Le Saux utilisant également des caractères gothiques sur les étiquettes de ses créations.
“Le nom Leff pour une bière ressemble fort à notre marque protégée Leffe et il n’y a pas de différence entre les deux dans la prononciation […] . L’existence de deux bières Leff et Leffe créerait de la confusion chez les consommateurs et pourrait les induire en erreur.”
Filiale belge d’AB InBev.
…Mais deux significations pourtant bien distinctes !
Philippe Le Saux estime que cette situation est totalement “rocambolesque” et que les deux noms ne sont pas si similaires que ça.
Au-delà du “e” différenciant leur orthographe, celui de la brasserie revêt par ailleurs une signification toute personnelle : en effet, le brasseur utilise l’eau de la rivière Leff pour créer son breuvage.

Par ailleurs, Philippe Le Saux, aujourd’hui en rupture de stock, vend avant tout sa bière à des copains, sur les marchés où dans de petites caves alentours, comme la « Buzuk Cozh ».
La bataille des Leff(e) : l’éternel combat du pot de fer contre le pot de terre
Le nom de la brasserie bretonne en péril ?…
L’affaire s’est corsée quand le fondateur de la Leff a voulu déposer le nom de marque de sa bière à l’Institut national de la propriété intellectuelle (Inpi). Les avocats de l’entreprise AB InBev Belgium SRL, ne l’ont pas entendu, eux, de la même oreille…
Si InBev s’oppose à l’enregistrement de la société, ce sera aux autorités administratives françaises de juger s’il y a atteinte ou non à la célèbre marque belge.
…Pas selon son fondateur !
Philippe Le Saux argue qu’il ne peut pas, seul, se défendre contre un mastodonte comme AB InBev. Selon le brasseur, c’est la région Bretagne, où sa brasserie est située, qui doit le défendre. Inflexible, il campe cependant sur ses positions : le nom de sa bière ne changera pas !
Je ne dors plus, je ne mange plus. J’ai des journalistes de toute la France, de la Belgique et même des Pays-Bas qui m’appellent ! (…) Il y a même un gars de Rotterdam qui m’a appelé pour acheter de la bière, et cher, il s’intéresse à ce que je fais.
Philippe Le Saux.
De son côté, AB InBev attend l’évaluation de l’administration française chargée des marques déposées et espère trouver rapidement une solution.
Une histoire qui n’a pas fini de faire pschitt…