Les trappistes mènent leur vie selon la règle de saint Benoît de Nursie (né aux environs de 480 après J.-C. à une centaine de kilomètres de Rome). Celle-ci propose un style de vie évangélique par l’organisation d’une vie monastique sobre, jour après jour.
Mais c’est qui, ce saint Benoît de Nursie ?
Eddy, De Nantes

Bon, convenons-en, Benoît de Nursie c’est pas Jo le Rigolo. Il a même failli être plusieurs fois assassiné, soit par jalousie, soit parce qu’il était un peu trop tatillon sur les règles.
Suite à plusieurs années d’ermitage dans une grotte et de miracles, une première expérience d’Abbé où il faillit être empoisonné par des moines contrariés par la restauration de l’ordre et les règles et pénitences imposées (sa coupe de vin empoisonné se brisa par « miracle » lors du bénédicité – un des nombreux miracles liés à saint Benoît) , Benoît de Nursie reprend sa vie d’ermite dans sa grotte.
Face à l’affut de disciples, Benoît renonce à sa vie d’ermite et entreprend la construction de plusieurs monastères et finit par s’installer vers 529 au Mont-Cassin, et organise progressivement la vie des moines, tournée vers Dieu :
« Qu’on ne mette rien, absolument rien, et pas même la binouze avant le Christ qui daigne nous conduire à la vie éternelle »
Benoît, propos partiellement authentique
Vers 540, il établit à leur intention une règle de vie, appelée ensuite la règle bénédictine, dont l’expansion sera immense. Elle recommande aux moines, qui vivent en communautés dirigées par un abbé, de respecter quatre principes essentiels :
- la modération (discretio, en latin) qui est présente dans les usages quotidiens de la nourriture, de la boisson et du sommeil ;
- la gravité qui a pour corollaire le silence ;
- l’austérité qui implique l’éloignement du monde et le renoncement à la possession ;
- la douceur faite de bonté, d’amour évangélique, d’hospitalité exercée envers les humbles.
Astreints à la lecture et au travail manuel, les moines doivent se consacrer au service de Dieu qui culmine dans l’office divin. La vie monastique est répartie d’une façon rigoureuse en trois pôles : la prière, le travail, et la lecture, deviennant un moyen pour se consacrer au service de Dieu. D’où la célèbre devise bénédictine, qui n’apparaît pourtant pas dans la Règle : Ora et labora (Prie et travaille, en latin).
Le succès de la règle de Benoît est immense ; au cours des siècles qui suivent, cette règle est progressivement adoptée par un nombre croissant de monastères en Occident. Au-delà de sa grande influence religieuse, elle a une grande importance dans la formation de la société médiévale, grâce aux idées qu’elle propose : une constitution écrite, le contrôle de l’autorité par la loi et l’élection du détenteur de cette autorité, Benoît ayant voulu que l’abbé soit choisi par ses frères.
En 910, la Bourgogne voit surgir une des plus célèbres abbayes bénédictines, qui va donner naissance à l’ordre du même nom : Cluny sera l’un des grands symboles et phare de la vie bénédictine. En 1098, encore en Bourgogne, Cîteaux naît du désir de quelques moines bénédictins de l’abbaye de Molesme de « suivre, plus fidèlement et de façon plus parfaite, la règle du très saint Benoît ». L’ordre cistercien naissant verra la fondation de plusieurs centaines de monastères de moines et de moniales dans toute l’Europe.
Bon, et la Trappe dans tout ça ?
Jean Emarre
L’abbaye Notre-Dame de La Trappe, située à Soligny-La-Trappe (les forêts qui entourent le village sont idéales pour chasser à l’aide de piège => « trapper »), commence tristement en 1120 par le naufrage du vaisseau « Blanche-Nef ». Et dans ce navire, point de nains mais Mathilde du Perche, fille illégitime du roi d’Angleterre Henri 1er et femme du comte Rotrou III du Perche.
Ce dernier, désespéré, érige alors dans la forêt de la Trappe, qui se situe sur ses terres, un oratoire dédié à la Vierge en souvenir de sa bien-aimée. En 1140, il y fait venir quelques moines du Breuil-Benoît, près de Dreux et la communauté intègre l’ordre cistercien en 1147.
Passé le développement initial, un lent déclin s’installe. Durant la guerre de Cent Ans (XIVe et XVe siècles), le monastère est brûlé et pillé plusieurs fois. Le régime de la commende est imposé aux religieux contre leur volonté le 5 avril 1527 par le roi François Ier, en vertu du concordat de Bologne. Désormais, l’abbé n’est plus un religieux mais un personnage extérieur à l’abbaye, aux débuts un ecclésiastique, mais ensuite un noble n’ayant rien à voir avec la religion.
On est donc loin de l’idéal cistercien de travail et de prière. Quand les moines de la Trappe tentent d’en finir avec ce système en élisant un nouvel abbé, celui-ci est révoqué par le roi dès le lendemain…
C’est l’abbé de Rancé, pourtant abbé commendataire, qui change enfin les choses et sauve La Trappe de Soligny dès 1660. Après s’être converti, il chasse les moines résidant encore à la Trappe de Soligny pour rétablir l’ordre et suivre la réforme de « l’étroite observance » pour se rapprocher au plus près de la règle de Saint Benoît. La communauté reprend peu à peu vie et se développe ; les moines qui y vivent et développent la réforme sont appelés « Trappistes« .
La réforme fait des émules, devenant par la suite « Ordre Cistercien de la Stricte Observance » en 1892. Aujourd’hui, toutes les abbayes dites Trappistes suivent « l’Ordre Cistercien de la Stricte Observance ».
À l’heure actuelle, l’Ordre Cistercien de la Stricte Observance comprend 2 600 moines et 1 883 moniales, répartis respectivement dans quatre-vingt-seize abbayes et soixante-six monastères dans le monde entier, dont quatorze abbayes brassent de la bière … On en reparle dans un autre article.
Pfff… J’ai rien compris à tout ton baratin
Allez, comme on est sympa, on vous offre le résumé parfait pour briller en société autour d’une bière trappiste :
- Benoit de Nursie, dans les années 540, rédige la règle de Saint Benoît, permettant de structurer la vie des moines autour de la prière, le travail et la lecture => objectif : Dieu
- En Bourgogne, l’abbaye de Cîteaux, établie l’ordre Cistercien vers l’an 1200 afin de revenir aux fondamentaux de la règle de Saint Benoît.
- En 1660, l’Abbé de Rancé, restructure à nouveau la vie cistercienne au sein de l’Abbaye de la Trappe, à Soligny-La-Trappe et relance la communauté.
- En 1892, « l’Ordre Cistercien de la Stricte Observance » est créé. Toutes les abbayes Trappistes actuelles en font partie ; 14 d’entre elles brassent de la bière.
Alors, vous les connaissez ces fameuses abbayes Trappistes ? Vous avez gouté les bières ? Laquelle est votre préférée ?
ps : celui qui répond la Leffe est prié de consulter au plus tôt notre article sur les Abbayes Trappistes …
super interessant et bon resumé de la soirée dégustation
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